SPID prolongé de deux ans : un nouveau départ pour l’identité numérique
Le service public d’identité numérique SPID, pilier de la transformation digitale en Italie, vient de signer une nouvelle convention garantissant son fonctionnement pour deux années supplémentaires. Cette prolongation, officialisée entre le gouvernement et les onze opérateurs certifiés (Aruba, Infocert, Namirial, Poste, Intesi, Infocamere, Sielte, Eht, TeamSystem, Register et TIM Trust Technology), inclut en plus une option permettant trois renouvellements annuels supplémentaires, négociables chaque année.
Des chiffres qui confirment un succès massif
SPID n’est pas un simple gadget : il est devenu incontournable en quelques années. Voici l’ampleur de son adoption :
- 41 millions d’identités numériques activées,
- 1,2 milliard d’authentifications réalisées en 2024,
- 630 millions d’accès aux services publics durant les six premiers mois de 2025.
Ces chiffres témoignent de l’importance de SPID pour accéder à l’application IO et aux nombreux portails administratifs, mais également de sa contribution essentielle aux engagements pris dans le cadre du Piano nazionale di ripresa e resilienza (PNRR).
Le nœud des financements : 40 millions enfin débloqués
La nouvelle convention débloque enfin 40 millions d’euros de fonds publics, attendus depuis le printemps 2023 pour assurer la continuité des services SPID après l’expiration de la précédente convention en 2022. Ces crédits servent à :
- Maintenir les centres d’appel et le support utilisateur,
- Mettre à niveau et sécuriser les infrastructures,
- Couverture des coûts opérationnels liés aux évolutions réglementaires.
Le déblocage de ces fonds a tardé deux ans, en raison d’un échange de courriers entre le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et la direction chargée des Affaires européennes, qui pilote l’utilisation des ressources PNRR.
Vers un SPID payant : la preuve de maturité commerciale
Jusqu’à présent, SPID restait gratuit, financé intégralement par des fonds publics. La nouvelle convention marque un tournant : les opérateurs peuvent désormais facturer un abonnement annuel pour la création ou le renouvellement d’une identité SPID. Concrètement :
- Aruba, Infocert et Register appliquent déjà un forfait,
- Poste italiennes prépare sa propre tarification,
- Les autres membres d’Assocertificatori étudient leur modèle économique.
Ce passage au payant oblige SPID à justifier chaque euro dépensé par la qualité et la valeur ajoutée des services proposés, illustrant une véritable « preuve de maturité » commerciale.
Une concurrence accrue : CIE et wallets en embuscade
Si SPID a été le pionnier, d’autres solutions d’identité numérique se développent :
- La Carte d’identité électronique (CIE), émise par le ministère de l’Intérieur et produite par la Monnaie de Paris, se démocratise grâce à ses versions totalement dématérialisées,
- Le Wallet national d’identité digitale, prévu pour 2026, servira de dépôt sécurisé pour passeports, permis de conduire et autres documents officiels,
- Des systèmes européens eIDAS et des alternatives privées pourraient proposer des fonctionnalités innovantes,
Face à ces acteurs, SPID doit continuer à innover pour conserver sa place de service d’accès unique aux administrations.
La sécurité au cœur des préoccupations
Deuxième challenge majeur pour SPID : la confiance. Après des cas de revenge porn ou d’utilisation frauduleuse d’identités de jeunes majeurs pour détourner le bonus cultura de 500 €, la nouvelle convention inclut :
- La création d’un groupe de travail permanent avec l’Agence pour l’Italie digitale (AgID) et le Département au numérique de la présidence du Conseil,
- La mise à disposition d’outils simples pour vérifier les identifiants SPID actifs associés à un code fiscal,
- L’obligation d’alerte en temps réel lors d’usages suspects ou de tentatives de fraude.
L’objectif est de renforcer la sécurité tout en préservant l’ergonomie et la rapidité d’accès aux services.
SPID et l’évolution des services publics numériques
SPID reste l’un des modes d’accès essentiels à l’application IO, qui centralise les services en ligne de l’État. Le lancement du Wallet national, loin de remplacer SPID, viendra s’y ajouter en tant que conservatoire de documents officiels. SPID devra évoluer pour :
- Gérer l’authentification multi-services (Éducation, Santé, Mobilité),
- Offrir des niveaux de sécurité différenciés pour les usages sensibles,
- S’interfacer avec les futurs wallet mobiles et les standards européens eIDAS.
La coexistence harmonieuse de SPID, CIE et wallets garantira un écosystème d’identité numérique sûr et polyvalent.
Le défi d’une tarification équitable
Passer à un modèle payant après des années de gratuité reste délicat. Pour justifier la facturation, SPID doit proposer :
- Des fonctionnalités premium (signature électronique avancée, authentification biométrique),
- Un support client renforcé,
- Une intégration fluide avec des services tiers (banques, assurances, entreprises),
- Des garanties de continuité et de confidentialité des données.
Les prochains mois seront essentiels pour observer si SPID saura conserver ses utilisateurs et attirer de nouveaux abonnés grâce à son offre enrichie.