Meta expérimente des chatbots proactifs sur WhatsApp et Instagram
Meta teste actuellement une nouvelle fonctionnalité baptisée « Project Omni » qui donnera à ses chatbots IA un comportement beaucoup plus proactif sur WhatsApp et Instagram. Jusque-là, les assistants virtuels attendaient que l’utilisateur démarre la conversation. Bientôt, ils pourront envoyer des messages non sollicités, fondés sur les interactions précédentes, afin de relancer l’échange et d’accroître le taux d’engagement.
Objectif du projet Omni
Le projet Omni, développé en collaboration avec la société Alignerr spécialisée dans l’annotation de données, vise à maintenir une conversation active sur le long terme. Dans les documents internes consultés par Business Insider, Meta explique vouloir :
- « Fournir une valeur ajoutée aux utilisateurs » en leur offrant des suggestions utiles entre deux sessions de chat.
- « Améliorer la rétention » en relançant subtilement la discussion au bon moment.
En d’autres termes, Meta veut que ses chatbots deviennent des compagnons numériques plus présents, capables de rappeler l’usage de l’application et d’entretenir la relation utilisateur-robot.
AI Studio : créer un bot sans coder
Les chatbots testés sont conçus via AI Studio, la plateforme de création d’IA de Meta, accessible à tous sans compétences en développement. Voici comment ça marche :
- L’utilisateur définit l’identité du chatbot : nom, ton de la conversation et personnalité.
- Il choisit ensuite le contenu de formation, en intégrant des textes, FAQ ou articles.
- Enfin, il sélectionne la plateforme de déploiement : WhatsApp, Instagram ou Messenger.
En quelques clics, chacun peut ainsi générer un assistant virtuel, qu’il s’agisse d’un service client, d’un guide thématique ou d’un compagnon de conversation.
Un exemple : « The Maestro of Movie Magic »
Parmi les cas cités dans les documents, on trouve « The Maestro of Movie Magic », un chatbot cinéphile. Sa mission :
- Envoyer un message de bienvenue, invitant à partager ses dernières découvertes musicales de films.
- Proposer régulièrement des suggestions de bandes originales ou de compositeurs à explorer.
- Relancer la discussion si l’utilisateur n’a pas interagi depuis plusieurs jours.
L’idée est de créer un échange chaleureux, à mi-chemin entre un ami passionné de cinéma et un service de recommandation automatisé.
Motivations économiques
Au-delà de l’aspect fonctionnel, l’enjeu financier est colossal pour Meta. Le groupe de Zuckerberg espère générer :
- Entre 2 et 3 milliards de dollars de revenus en 2025 grâce à ses produits d’IA générative.
- Jusqu’à 1 400 milliards de dollars de recettes annuelles d’ici 2035 si l’ensemble de ses services IA se démocratise.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, Meta doit maximiser le temps d’utilisation de ses applications. Les notifications proactives des chatbots sont perçues comme un moyen logique de maintenir l’attention et de fidéliser les utilisateurs.
Des garde-fous pour limiter l’intrusion
Consciente du risque d’excès, Meta a prévu plusieurs restrictions pour éviter que les bots ne deviennent trop intrusifs :
- Les chatbots n’enverront un message proactif qu’après une interaction initiale de l’utilisateur.
- Si le premier message de relance reste sans réponse, le bot renoncera à insister.
- Les contenus des messages devront rester cohérents avec la personnalité du chatbot et le contexte de la conversation précédente.
Ces règles tentent de garantir une expérience respectueuse, sans spam ni sollicitations intempestives.
Vers une IA omniprésente
Si Project Omni aboutit, vos échanges sur WhatsApp et Instagram pourraient changer radicalement, avec ces assistants IA qui n’hésitent plus à reprendre contact. Les plus enthousiastes y verront un confort d’usage, des suggestions personnalisées et un soutien permanent. Les plus réticents craindront un environnement numérique étouffant, où chaque message pourrait être relayé par un bot.