Un avertissement choc sur l’avenir du travail
Lors de la présentation de Claude 4, le dernier modèle d’IA d’Anthropic, son PDG Dario Amodei a adressé un message d’alerte retentissant : d’ici un à cinq ans, l’intelligence artificielle pourrait supprimer jusqu’à 50 % des emplois de premier niveau aux États-Unis. Une prédiction aussi radicale qu’inédite, qui place sur le devant de la scène une question cruciale : quel sort réservent-nous aux jeunes entrants sur le marché du travail ?
Des chiffres vertigineux et des secteurs ciblés
Selon Amodei, plusieurs industries seraient balayées par cette « apocalypse occupationnelle » :
- Technologie : support technique, assistance utilisateur, tâches de développement automatisables ;
- Finance : opérations de back-office, saisie de données, analyses préliminaires ;
- Juridique : recherche documentaire, rédaction de contrats standard, revues de conformité ;
- Conseil et marketing : reports automatisés, génération de contenus, segmentation de clientèle ;
- Services administratifs : gestion de planning, traitements de formulaires, service après-vente.
Pour Amodei, ces profils dits « de premier échelon » seront progressivement remplacés par des assistants ou des agents IA capables d’exécuter les mêmes tâches plus vite et sans erreurs humaines.
Une accélération sans précédent
Contrairement aux révolutions industrielles passées, où l’adoption de nouvelles technologies prenait des décennies, l’essor des intelligences artificielles de génération et d’automatisation se fait à une vitesse record. Les IA apprennent en continu :
- Évoluant sur des volumes massifs de données,
- Exécutant des algorithmes d’apprentissage supervisé et non supervisé,
- Déployant des agents autonomes capables d’interagir entre eux pour réaliser des workflows complets.
Cette rapidité alimente le pronostic d’Amodei : « Le rythme est si soutenu que la société, les institutions et la formation professionnelle n’auront pas le temps de s’adapter », confiait-il à Axios.
Un scepticisme généralisé mais risqué
Pourtant, nombreux sont ceux qui jugent ces prédictions alarmistes :
- Les entreprises : certaines redoutent un argument marketing pour promouvoir leurs propres IA,
- Les gouvernements : peu sensibilisés aux réalités techniques, ils peinent à chiffrer l’impact socioéconomique,
- Les salariés : confiants dans la permanence de leur poste, ils n’anticipent pas une disparition leur niveau.
Amodei déplore ce manque de prise de conscience : « Beaucoup découvriront tard la disparition progressive de leurs tâches when il sera déjà trop tard. » Pour lui, poser la question « Et si j’avais raison ? » est le premier pas vers la préparation collective.
Des pistes de solutions proposées
Plutôt que de subir cette transition, le PDG d’Anthropic préconise :
- Informer le grand public : lancer des campagnes de sensibilisation sur les métiers menacés ;
- Former les institutions : collaborer avec les législateurs pour comprendre les capacités réelles de l’IA ;
- Créer des comités mixtes : réunir développeurs, entreprises, syndicats et pouvoirs publics ;
- Investir massivement dans la reconversion : programmes publics de formation aux compétences complémentaires (créativité, supervision de robots, IA éthique) ;
- Instaurer une taxation« revenu IA » : prélever 3 % sur les profits générés par l’utilisation d’IA dans les entreprises, afin de financer un revenu de base ou des allocations aux chômeurs.
Cette dernière mesure vise à redistribuer une partie de la valeur créée par les machines aux individus privés de leur emploi.
Vers une redistribution de la richesse
Dario Amodei invite à repenser les mécanismes économiques face à l’automatisation :
- Taxe sur la valeur ajoutée par l’IA : un prélèvement modulé selon l’usage effectif des outils, partagé entre État, entreprises et individus ;
- Partenariats public-privé : financement conjoint de centres de formation et d’innovation, pour créer de nouveaux métiers autour de l’IA ;
- Encadrement réglementaire : garantir des droits aux travailleurs « augmentés » ou remplacés partiellement par des agents autonomes.
Selon Amodei, ces dispositifs sont urgents pour éviter « un décalage social et économique sans précédent ».
Un défi pour la société tout entière
L’hypothèse d’un taux de chômage grimpant à 10 % ou 20 % remet en question le contrat social moderne. Les impôts, le financement des retraites, l’assurance-chômage et la cohésion territoriale seront mis à rude épreuve. Anticiper dès aujourd’hui et mettre en place des filets de sécurité robustes est, aux yeux du dirigeant d’Anthropic, la seule voie pour transformer la crise en opportunité.