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20 millions de dollars pour un bug smartphone : découvrez la startup qui fait trembler la cybersécurité !

Advanced Security Solutions, une jeune startup émiratie, a fait sensation en dévoilant un programme de prime aux chercheurs en sécurité d’une ampleur inédite : jusqu’à 20 millions de dollars pour tout zero-day exploit capable de compromettre un smartphone via un simple SMS. Cette annonce a aussitôt relancé le débat sur la valeur des vulnérabilités, la transparence des acteurs et les dérives potentielles de la surveillance numérique.

Un programme de récompenses sans précédent

Contrairement aux bourses classiques plafonnées à quelques centaines de milliers de dollars, Advanced Security Solutions propose une grille de primes XXL :

  • 15 M $ pour un zero-day exploit ciblant un smartphone Android ou iPhone ;
  • 10 M $ pour une vulnérabilité critique sous Windows ;
  • 5 M $ pour un bug majeur sur le navigateur Chrome ;
  • 1 M $ pour une faille exploitée dans Safari ou Edge.
  • Le montant total de 20 millions semble d’emblée destiné à attirer l’attention des chercheurs les plus expérimentés, prêts à consacrer temps et ressources à la découverte de failles encore inconnues des éditeurs.

    Une envolée historique du prix des zero-day

    Il y a dix ans, Les plus belles primes proposées par les plateformes spécialisées ne dépassaient guère 1 million de dollars. Zerodium, l’un des acteurs historiques, offrait jusqu’à 1 M $ pour un exploit 0day. Aujourd’hui, les tarifs pratiqués par Advanced Security Solutions triplent, voire décuplent, ceux de leurs concurrents, témoignant d’une « course aux armements » numérique où les États et sociétés privées s’arment pour défendre leurs intérêts, mais aussi préparer des opérations offensives.

    Un manque de transparence inquiétant

    Si le programme promet des gains faramineux, la société reste floue sur ses véritables clients et financements :

  • Advanced Security Solutions revendique une collaboration avec plus de 25 gouvernements et services de renseignement à travers le monde ;
  • Son équipe se compose, selon elle, d’anciens officiers d’unités d’élite et de contractants militaires privés ;
  • Aucune information publique n’identifie clairement les principaux actionnaires ou la structure de gouvernance.
  • Cette opacité soulève de fortes préoccupations : à quoi serviront exactement les exploits acquis ? Seront-ils vendus à des agences de sécurité, à des groupes privés, ou pourraient-ils alimenter des programmes de surveillance de masse ?

    Les risques d’un marché sauvage

    La commercialisation à grande échelle de vulnérabilités non corrigées présente plusieurs dangers :

  • Usage offensif : des gouvernements ou entités malveillantes pourraient mener des cyberopérations contre des citoyens, entreprises concurrentes ou opposants politiques.
  • Surveillance généralisée : l’accès à des exploits 0day permettrait d’intercepter communications, de déjouer chiffrages et d’espionner à grande échelle.
  • Effet boomerang : si ces exploits circulent sur le marché noir, ils pourraient tomber entre de mauvaises mains, multipliant les attaques contre des cibles civiles et gouvernementales.
  • Un enjeu éthique et législatif majeur

    Les pouvoirs publics, déjà débordés par la rapidité des innovations technologiques, sont peu préparés à encadrer un tel marché. Plusieurs questions se posent :

  • Responsabilité : qui est responsable en cas d’abus ? Le chercheur, la startup, l’entité qui achète le code ?
  • Traçabilité : comment garantir que chaque exploit soit corrigé par l’éditeur original avant d’être consommé pour des opérations légitimes ?
  • Régulation : faut-il instaurer un contrôle des exportations de ces technologies, à l’instar des armes conventionnelles ?
  • Sans un cadre clair, le marché des zero-day risque de sombrer dans l’anarchie, creusant un fossé entre pays dotés de moyens de défense hors pair et nations moins armées.

    Les défis pour l’industrie et la sécurité numérique

    Face à cette prime record, les éditeurs de logiciels et constructeurs de smartphones devront renforcer leurs programmes de bug bounty et accélérer la mise à jour de leurs correctifs. Les professionnels de la cybersécurité appellent à une collaboration plus étroite :

  • Partage d’informations sur les failles découvertes pour éviter les doublons ;
  • Plateformes de divulgation responsable garantissant un délai raisonnable pour la correction avant publication publique ;
  • Normes de certification pour les programmes de primes, afin d’assurer transparence et éthique.
  • Ce tournant pourrait inaugurer une nouvelle ère où l’on privilégie la lutte collective contre les vulnérabilités plutôt que la course individuelle aux gains. Mais le temps presse : chaque exploit non corrigé représente une faille potentielle, exploitée par des acteurs mal intentionnés.

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